Retour sur la rencontre nationale « La coopération comme clé de la cohésion sociale dans les quartiers populaires ? »
Vendredi 18 novembre, Palais de la Femme
Après avoir co-porté durant 3 ans l’expérimentation animation territoirale citoyenne (ATC), il fallait bien un événement d’ampleur pour le Mouvement des régies, la Fédération des centres sociaux de France et Bleu Blanc Zèbre afin d’en partager, mettre en débat et faire vivre les enseignements ! Plus de 150 acteurs locaux de toute la France, issus des trois réseaux nationaux, porteurs de projets de coopération locale dans les quartiers politique de la Ville, étaient réunis à Paris pour l’occasion.
Réunis en petits groupes, les participant.es ont découvert et mis en pratique des modes d’animation en intelligence collective afin d’échanger leurs définitions et leurs outils de coopération. Une conférence interactive intitulée “La coopération dans les quartiers, sujet d’hier ou sujet d’avenir ?” a permis de revenir sur 40 ans de Politique de la Ville et les moments-clés où la coopération a pu être encouragée grâce à Michel Didier, président du récemment créé Comité d’histoire de la politique de la Ville. Les sujets à étudier sont légion tant la coopération est à la fois constitutive des quartiers mais aussi à bâtir et à requestionner. Le facteur humain est si prédominant dans les enjeux de coopération qu’on ne pourra pas tout régler depuis Paris, ajoute Khalid Ida Ali, Président de l’Inter-Réseau du Développement Social Urbain (IRDSU). C’est en effet en prenant le temps de se connaître et en profitant de la complémentarité des postures que les conditions du faire ensemble peuvent être réunies. Hélène Zannier, ex-députée de Moselle et co-auteure du rapport “Pour un acte II de la Politique de la Ville” au printemps, expose l’enjeu de sortir des logiques d’appel à projets nationaux qui mettent les acteurs locaux davantage en concurrence qu’en bonne disposition pour coopérer. Anne-Claire Boux, adjointe à la Maire de Paris en charge de la Politique de la Ville et trésorière de l’association des Maires de Villes et Banlieue, revient quant à elle sur la nécessaire formation de tous les acteurs, qu’ils soient élus, associatifs, fonctionnaires ou encore habitants engagés pour leur quartier.
S’outiller, se former, s’organiser, se comprendre… autant d’ingrédients essentiels pour les acteurs de tous les territoires et de tous les champs soucieux de coopérer. C’est pourquoi les organisateurs ont invité sur le temps du déjeuner des réseaux nationaux de référence aussi variés que Le Mouvement Associatif, Le Rameau, Démocratie ouverte, le Comité National de Liaison des Acteurs de la Prévention Spécialisée (CNLAPS), le Collectif des Associations Citoyennes (CAC) et les Cités de l’Emploi (ANCT) afin qu’ils présentent les différents projets et mettent à disposition des acteurs de terrain les différentes solutions ou indicateurs qu’ils ont développés.
Les enseignements d’une expérimentation sur 15 territoires
En début d’après midi, Bleu Blanc Zèbre (BBZ), la Fédération Nationale des Centres Sociaux de France (FCSF) et le Mouvement des Régies sont revenus sur le projet d’Animation Territoriale citoyenne qu’ils portent depuis 2018. “Le concept sur 15 quartiers : changer de méthode et permettre à des acteurs associatifs locaux de porter l’animation d’un projet collectif au service du quartier avec les acteurs institutionnels du territoire. Près de 2M€ ont été mobilisés auprès de l’Agence Nationale de Cohésion des Territoires par les réseaux pour soutenir chaque acteur local et permettre de recruter un animateur territorial” rappelle Julien Loyer, Directeur de BBZ. Cette opération est passée au crible du cabinet d’évaluation d’impact Asdo : “Les impacts principaux sont 4 ordres : une plus forte coopération entre les acteurs qui vont jusqu’à des projets co-portés, des habitants plus présents dans les projets du quartier, un changement de posture positif et de relations entre acteurs institutionnels et acteurs associatifs et des solutions concrètes qui émergent sur le quartier” précise Juliette Demoulin, Déléguée Nationale de la FCSF. “Fort des résultats positifs sur tous les territoires, nous avons engagé un travail de capitalisation avec les services du Ministère”, reprend Tarek Daher, Délégué Général du Mouvement des Régies, “nous avons consolidé 5 ingrédients majeurs pour faire évoluer les contrats de ville et permettre à ces nouvelles méthodes d’arriver sur tous les territoires” (rapport disponible ici).
Juliette Demoulin, Déléguée Nationale de la FCSF, Julien Loyer, Directeur de BBZ et Tarek Daher, Délégué Général du Mouvement des Régies
Le rôle clé de l’expertise d’usage des habitants
En clôture de la journée, les représentants des réseaux organisateurs ont rappelé le rôle clé de l’expertise d’usage des habitants et la nécessité de leur permettre de participer à la définition du projet de territoire. La capacité à coopérer est entrée depuis peu dans les critères d’évaluation du classement PISA comme une compétence nécessaire à acquérir à la fin du collège : nous avons tous et toutes du chemin à parcourir. Cette expérimentation s’inscrit dans ce mouvement. Elle a été une occasion sans précédent de révéler qu’aussi bien au niveau national qu’à l’échelle locale, les enjeux de coopération sont importants et que notre diversité fait aussi notre force. “Nous sommes à disposition du Ministère et du gouvernement pour venir présenter ensemble nos conclusions au nouveau Ministre de la Ville et à l’écoute de tous les territoires qui souhaiteraient bénéficier des conclusions et des outils qui ont fait leurs preuves”, conclut Tarik Touahria, président de la FCSF.